Le coworking en voyage : Un tour du monde des hackers, coworkers, et autres nomades digitaux.
Depuis quelques années, on assiste à l’émergence de nouveaux modes de travail, comme le coworking, le télétravail, le nomadisme digital…
Autre évolution des plus intéressantes: le « tourisme hacker », la conception du voyage-découverte étant détournée pour parvenir à un mélange d’exploration technologique, de rencontres et … de coworking!
Le premier « touriste hacker » à se déclarer comme tel est probablement Neal Stephenson, auteur de science-fiction connu pour ses romans post-cyberpunk (Snow Crash, Cryptonomicon…).
En 1996, il écrivait pour Wired Magazine un reportage monumental intitulé « Mother Earth Mother Board », carnet de voyage épique sur les traces physiques de l’infrastructure du réseau Internet, au long des câbles de transmission sous-marins.
Depuis, le concept du « touriste hacker » s’est progressivement diffusé pour devenir un véritable mouvement planétaire.
Cet article vous propose de découvrir quelques-unes de ses manifestations les plus marquantes et d’explorer le coworking en voyage.
Voyageurs / hackers / explorateurs
En premier lieu, voici les héritiers directs de Stephenson: les « hackers » en voyage. Entendons-nous bien sur la terminologie: nous ne parlons pas de pirates informatiques, mais de hackers dans le sens de « créateurs, makers, bidouilleurs, explorateurs technologiques ». Procédons par ordre chronologique:
Hackers on a Plane (2007)
En 2007, une poignée de « hackers » américains décidait de se rendre au Chaos Communication Congress (24C3), la conférence annuelle du Chaos Computer Club, à Berlin.
Afin de bien rentabiliser ce trajet, ils ont décidé d’organiser un voyage groupé depuis les Etats-Unis – intitulé Hackers on a Plane (en référence à un classique du 7ème art) – et ont organisé une véritable tournée des hackerspaces européens…
Une expérience qui a eu une influence certaine sur la culture maker qui a émergé aux Etats-Unis, entraînant notamment à la création de Noisebridge à San Francisco.
Parmi les participants, Bret Pettis, l’un des co-fondateurs de la startup MakerBot (il relate ce périple dans ce beau podcast de décembre 2007). Le modèle « HoaP » a été repris les années suivantes, un HoaP (la 9ème édition) a emmené une délégation au Japon en 2011 (après la catastrophe de Fukushima).
Unknown Fields Division
Lancé en 2008 par Liam Young et Kate Davies, Unknown Fields Division se définit en tant que « nomadic design research studio », et organise régulièrement des voyages au bout du monde, à la découverte de « paysages périphériques, écosystèmes industriels, environnements précaires ».
Ces voyages ont conduit à visiter les Galapagos Islands, le désert australien, la zone 51…
Les participants à ces expéditions sont principalement des artistes, designers, photographes, cinéastes, architectes… qui trouvent dans ces voyages matière à developper leur pratique. Voici par exemple Postcards from a Supply Chain, un carnet de bord tenu par Dan W, qui a pris part à l’expédition d’été 2014:
L’idée était d’aller à la source des chaînes de production électroniques. Cela comprenait une semaine à bord d’un bâteau-container, les ateliers d’électronique de Shenzhen, les marchés de Yiwu, la ville-fantôme d’Ordos, et les raffineries et mines de métaux rares de Baotou.
Voici quelques photos prises par Dan W durant son séjour à Yiwu.
Si vous n’avez jamais entendu parler de cette ville, voilà ce qu’en dit Wikipédia:
La ville de Yiwu possède le slogan suivant : « Un océan de marchandises, un paradis pour les consommateurs ». Située au milieu de nulle part, à 160 km des côtes, la ville attire les commerçants du monde entier pour leurs achats en gros.
Elle abrite un quartier des foulards, un marché des sacs en plastique, une avenue dont chaque magasin vend des élastiques, Binwang Zipper Professional Street, la rue de fermetures Éclair.
Le centre commercial China Yiwu International Trade City regroupe plus de 30 000 boutiques et les transactions conclues dans ces boutiques influent sur le prix de vente des objets aux quatre coins du monde.
Ça fait rêver, non?
Et voici une vidéo qui donne un aperçu des expéditions précédentes de Unknown Fields Division:
Cet été, l’expédition de 2015 va conduire les participants de la forêt amazonienne de Bolivie jusqu’au désert d’Atacama, source d’extraction de lithium. Voilà la bande-annonce du voyage:
Noisebridge China Trip
En 2009, Mitch Altman, l’un des fondateurs du hackerspace Noisebridge mentionné plus haut, décide d’organiser le premier Noisebridge China Trip. Inventeur de la télécommande TV-B-Gone, il s’est fait des contacts dans la manufacture électronique en Chine, et décide de monter un voyage à souscription ouverte, qui pourrait s’inscrire dans l’énoncé de coworking en voyage.
Ce modèle sera repris les années suivantes: la cinquième édition est prévue pour octobre de cette année.
Africa Hack Trip
Le Africa Hack Trip est un projet monté en 2013 par une équipe d’innovateurs, principalement d’allemagne, qui ont décidé d’aller à la rencontre de lieux d’innovation à travers le continent africain.
Un voyage de deux mois leur a fait visiter des tiers-lieux au Kenya, en Ouganda, au Ruanda, et en Tanzanie. Et ils ont réussi à faire sponsoriser leur projet par Github!
Drôle de coïncidence: l’un des organisateurs, Alex Lang, est bien connu dans le milieu coworking pour être l’auteur du logiciel Cobot.
Voici quelques films réalisés au cours de ce voyage:
Agences de voyage pour nomades digitaux
À côté de ces voyages dédiés à la découverte d’un environnement inconnu, source d’inspiration et de connaissance, nous avons pu voir émerger récemment un autre modèle: les voyages organisés dédiés au coworking.
Ces derniers ont pour but de créer un environnement de travail et de réunir une communauté productive dans un cadre propice à l’inspiration et à la détente… selon les mots du « digital nomad » Noel Tock: « surf in the morning, ship code in the afternoon, grill and do lightning talks in the evening ».
Voilà encore une dimension additionnelle venant nourrir le terme de coworking en voyage.
Quelques exemples de ces « agences de voyage » pour travailleurs numériques:
Refuga
Fondé en 2012 au Danemark par Nikolaj Astrup, initialement sous le nom de Workaway Camp, Refuga organise des voyages et des résidences de travail. Les destinations comprennent une ferme écologique en Ombrie (Italie), et une villa près de Barcelone. Certains voyages proposés incluent des ascensions de montagnes, comme le Kilimanjaro ou l’Elbrus…
Voici une vidéo récente de leur résidence au Maroc:
Sunny Office
Un projet fondé par Katja Anders, alors que cette freelance désespérait de trouver une connexion wifi stable durant un séjour en Espagne.
En 2013, elle fonde Sunny Office pour organiser des « coworking holidays » en Europe, principalement en Espagne et Portugal. Des résidences sont prévues à Barcelone (Sept-Oct 2015), en Andalousie (Nov 2015), et à Tenerife (Jan 2016) pour faciliter coworking en voyage.
Hacker Paradise
Le projet Hacker Paradise est fondé en 2014 par deux indépendants, qui ont décidé de partir pour une période de travail-voyage, mais cherchent un moyen de conserver le contact avec leur communauté de coworkers.
Ils décident de s’installer dans un hôtel proche d’une plage au Costa Rica, et y invitent une vingtaine d’autres indépendants, pendant une période de 12 semaines. Leur prochaines étapes seront en Europe, à Barcelone (Juillet-Août 2015), et Berlin (Août-Sept 2015).
Quelques articles:
– Lessons Learned Throwing a Hacker Retreat in Costa Rica (un compte-rendu critique de leur première expérience)
– Visiting Hacker Paradise in Bali
Nous avons donc la preuve que le coworking en voyage séduit !
Coworking Camp
Le premier Coworking Camp s’est déroulé en fin 2014, réunissant des coworkers dans un hôtel à Kemer, sur la côte de la Turquie.
Le prochain événement se déroulera pendant six semaines, du 2 novembre au 13 décembre 2015, dans une station balnéaire à Djerba, en Tunisie.
Espaces de coworking pour voyageurs
Certes, il est pratique de faire du coworking en voyage, mais pour ceux qui souhaitent faire halte, voici le dernier cas de figure dans notre ligne de mire ; des espaces coworking permanents, destinés à accueillir les travailleurs-voyageurs dans des endroits d’exception.
- The Surf Office, à Gran Canaria, avec des succursales en Californie et au Portugal
- SWAP Coworking, à Gran Canaria
- KoHUB Lanta, sur l’île de Koh Lanta, au large de la Thaïlande.
- Livit Spaces, à Bali.
- Last but not least … Coworking Neuchâtel, à Neuchâtel, évidemment !!!
La liste pourrait être longue!
Alors, envie de dépaysement? 🙂
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